LA GAMELLE

Atelier de pratique artistique mots et images  & création d’un objet éditorial
Maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) – Sept à déc 2018

Recueil de bonnes tambouilles,

Une histoire de goût

Le repas est le lien qui perdure avec l’extérieur, avec le monde au-delà des murs.
C’est aussi, et surtout, le lieu de souvenirs: souvenirs d’enfance, de famille,
de journées heureuses, de rires, de communion.
C’est l’espace du collectif, même lorsqu’on est seul puisque l’expérience du goût charrie avec elle son lot de mémoire, d’histoires.

Ainsi est-ce à la suite de discussions avec les détenus que nous est venu l’idée d’écrire
sur ce moment privilégié. Ceux-ci nous ont fait part de leur désir de partager
avec d’autres leurs plats préférés, leurs astuces de cuisine, leurs recettes,
leurs souvenirs de plats de leur grand-mère, leurs dernières trouvailles,
astuces et techniques trouvées sur le pouce, goûts.
Car il est ici surtout question de goût.

Le but des ateliers n’était pas en effet de relater simplement des plats connus comme
pour un livre de recettes traditionnelles, mais de parvenir à exprimer l’expérience
psychologique et physique du moment du repas. Ce qui est tout à fait différent.

Ce but a pu en désarçonné plus d’un, mais une fois lancés, les détenus ont joué le jeu
de la découverte et du laisser-aller nécessaire à la recherche.

Nous nous sommes rendu compte de la très grande diversité des plats et expériences
culinaires des détenus, qui chacun à leur manière ont apporté leur touche, que ce soient
les traditionnels plats africains comme le yassa ou le mafé, ou bien encore des recettes moins connues comme le paprika, la mloukhia, des plats élaborés comme le boeuf sauce gombo aux ignames ou bien des goûters d’enfance avec le traditionnel pudding.
Du grand repas à la petite gamelle mangée sur le pouce. À travers chaque gamelle
ce sont les cultures et origines de chacun qui ont été ravivées et partagées.

Les ateliers nous ont permis à tous d’exprimer et parfois même redécouvrir son histoire
intime comme collective, ce qu’on a en commun avec autrui comme ce qui nous est étranger, à travers quelque chose d’on ne peut plus simple et banal : la cuisine.

Plus d’images à venir sous peu.

SPIP 93, Maison d’arrêt de Villepinte,
Fédération Léo Lagrange